dimanche 19 juin 2016

Deux-pièces d'Éliette Abécassis

"INCIPIT" - Premiers mots d'un texte. Ceux par lesquels l'auteur et le lecteur se rencontrent ... Pour la première fois. Cette collection propose à de grand écrivains de redonner vie à une première fois historique et d'en faire un objet littéraire personnel.
Elle était là, presque nue, devant la piscine, à Molitor. Exposée aux yeux de tous, dans ce grand “paquebot” aux façades couleur terre de Sienne, à l’architecture des années trente… ». Lors d’un défilé, la France de 1946 découvre la bombe atomique du couturier Louis Réard : le bikini. Dans le public, Gaby, une jeune fille « toute frêle, à la peau diaphane » prend des notes. Un jeune homme l’interpelle. C’est Antoine, son grand amour qu’elle n’a plus revu depuis l’Exode. Il a participé à la conception du premier maillot deux pièces…
La petite collection Incipit continue de décliner "les premières fois". Cette fois-ci, il s'agit de fêter un anniversaire, 70ans, c'est l'âge  du premier maillot de bain Deux-pièces, il est bel et bien apparu en 1946. Éliette Abécassis a choisi le roman pour traiter le sujet. Gaby et Antoine se retrouvent après de longues années d'absence,  piscine Molitor alors que le défilé-concours de maillot de bain bat son plein. Dés son apparition, il fait frémir l'assistance, stupeur, silences d'approbation, paroles de détestation. S'en suit un échange chuchoté à l'oreille empreint de nostalgie entre Gaby et Antoine, comprendre pourquoi ils se sont éloignés l'un l'autre, se raconter la guerre, Vichy, la résistance, le communisme, petit à petit la conversation nous emmène vers l'après guerre et son besoin de liberté, sur la place que pourrait prendre la femme dans la société.
Pendant ce temps, Micheline Bernardini reçoit le premier prix pour avoir porté les petits triangles de tissus de Louis Réard ingénieur automobile de son état. Ils seront  appelés Bikini en référence à l'atoll du pacifique où vient d'avoir un essai atomique. Ce bikini baptisé "Atome" pourrait bien faire l'effet d'une bombe et lancer  les premier débats sur le féminisme, la féminité et la liberté ou non de montrer son corps.


Deux-pièces, Eliette Abécassis, illustration de couverture de Thibault Balahy,  Editions Prisma, collection Incipit, 2016 12€

 





mercredi 15 juin 2016

Prix du Polar Lire en Poche/Sud Ouest 2016

Le Prix du Polar Sud Ouest/Lire en Poche qui existe depuis 2012 dans le cadre du salon des livres de poche de Gradignan  a lieu chaque année le premier week-end d'octobre. Le salon fêtera cette année ses douze ans, et aura lieu du 7 au 9 octobre prochains. 

A cette occasion, les lecteurs/internautes peuvent voter pour leur roman noir ou polar favori parmi une sélection de cinq titres d'auteurs francophones parus en poche. 
Le Prix sera remis le vendredi 7 octobre lors de la soirée d'ouverture du salon Lire en Poche 2016.  

Les romans 2016 en lice sont  :
- Franck Bouysse, Grossir le ciel. Livre de Poche Policiers, janvier 2016.
- Hervé Commère, Imagine le reste. Pocket Thrillers, septembre 2015.
- Jérôme Leroy, L'Ange gardien. Folio Policiers, février 2016.
- Nicolas Mathieu, Aux animaux la guerre. Babel Noir, janvier 2016.
- Guillaume Prévost, La Berceuse de Staline. 10-18 Grands détectives, octobre 2015.

Les votants,  ont la possibilité de gagner 3 lots qui seront tirés au sort :
1 invitation pour la soirée de Gala du salon le samedi 8 octobre avec tous les auteurs invités ;
1 an de lecture (soit un titre/mois, 12 polars en poche) ;
la sélection des 5 titres retenus pour le prix.

Pour voter, il faut aller sur le site de Sud Ouest du 8 mai au 10 juillet prochain.

lundi 13 juin 2016

Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants de Mathias Enard

En débarquant à Constantinople le 13 mai 1506, Michel-Ange sait qu'il brave la puissance et la colère de Jules II, pape guerrier et mauvais payeur, dont il a laissé en chantier l'édification du tombeau, à Rome. Mais comment ne pas répondre à l'invitation du sultan Bajazet qui lui propose- après avoir refusé les plans de Léonard de Vinci, - de concevoir un pont sur la Corne d'Or ?
Ainsi commence ce roman...
Un véritable plaisir de lecture, au point de  finir le livre par petites touches pour faire durer le retour au 21ème siècle...
Passer quelques semaines aux côtés de Michelangelo, partir  pour Constantinople, partager son quotidien, les tourments et questionnements  d'un des plus grands sculpteur, peintre, architecte, poète de la renaissance florentine. "Combien faudra-t-il d'œuvres d'art pour mettre la beauté dans le monde?"
Oui, il s’agit bien là de partager les tourments de Michel-Ange. Aurait-il dû laisser ses frères seuls à florence? Et si le pape découvrait qu'il est Constantinople pour travailler aux côtés du sultan Bajazet. 

Comment ne pas être  bouleversé par cette homme en recherche de perfection, après avoir vu le David dans  la Galerie de l'Académie à Florence. Ce pont sur la Corne d'Or qui finit par le hanter sera-t-il au final à son image?  "On y lit, la force, le calme et possibilité de la tempête. Solennel et gracile à la fois."
  
Si le pont sur la Corne d'Or  fil conducteur  du livre est très présent, il y a de belles rencontres à faire. Il y a cette Femme  danseuse , un amour, une Shéhérazade, une hombre dorée. Meshihi l'enfant de Pristina, le poète au visage d'ange, l’artiste au regard sombre, mais aussi Arslam l’obséquieux qui manigance des deux côtés de la mer.
Vous l'aurez compris j’ai très vite été happé et ai adoré cette histoire haute en couleur, aux effluves d'eau parfumée et d’épices orientales, de conspirations et de palais. 
En fermant ce livre très vite la nostalgie de Florence m'est revenue.
"Souvent on souhaite la répétition des choses; on désire revivre un moment échappé, revenir sur un geste manqué ou une parole non prononcée; on s'efforce de retrouver les sons restés dans la gorge, la caresse que l'on n'a pas osé donner, le serrement de poitrine disparu à jamais."

Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants de Mathias Enard chez BABEL 7€


mercredi 8 juin 2016

La Grande Panne Hadrien Klent

Accident ou attentat ? Une explosion dans une mine de graphite italienne provoque l’apparition d’un immense nuage qui menace de s’enflammer au contact des lignes à haute tension. Pour éviter la catastrophe, une coupure électrique générale est décidée dans toute l’Italie, plongeant le pays dans le chaos. Le nuage se déplace vers le nord, et la France décide à son tour de procéder à un black-out sur son propre réseau. Le gouvernement part s’installer sur l’île de Sein, en Bretagne, pour superviser la panne qui s’annonce. Commençant comme une série catastrophe, déroulant l’agenda d’une cellule de crise...

Que ferions nous sans téléphone portable, sans radio, sans journaux... Et oui! Si tout s’arrêtait que ferions nous? Nous, qui sommes aujourd’hui dépendants de toutes les nouvelles technologies. C’est sur chemin que nous emmène Hadrien Klent
A travers de petits chapitres, légers, savoureux  et une écriture sans répit, nous sommes plongés à l’intérieur des cabinets ministériels en plein cœur des décisions, puis aussi vite  dans une enquête de police. Des rotatives presque centenaires du seul journal encore publié à un nid d'espion américain, d’un chef d’état déprimé voir proche de la folie  à un groupe d’anarchiste préparant un nouveau  grand soir .
Jour après jour, on se prépare à la Grande Panne, plongé dans les arcanes du pouvoir et à la préparation du grand chambardement. C'est depuis l’ile de Sein que sera lancé le top de l'écran noir.
 
Un roman à la fois catastrophe, d'espionnage et d'anticipation,  un livre qui se lit sans déplaisir.
Hadrien Klent parfois de manière encyclopédique, nous plonge dans les méandres du pouvoir et des contrepouvoirs, accompagnant les équipes travaillant dans l'ombre ou auprès de conspirationnistes.
Au final, si l’aspect catastrophique est vite oublié et le quotidien du citoyen lambda à peine survolé,  j'ai bien aimé et recommande cette histoire divertissante.  

La Grande Panne  Hadrien Klent  Editions Le Tripode 19€

Keisha en parle ici

vendredi 3 juin 2016

Autour de Maïr de Hejer Charf

Au cinéma Saint-André des Arts de Paris à partir du  8 juin 2016.
Il sera présenté un documentaire canadien qui traite de l'écriture francophone au féminin et du combat mené pour sa reconnaissance.

Synopsis : Pendant longtemps, la littérature des femmes a été confinée au privé, au ménager, aux correspondances. L’on prétendait qu’elles ne savaient écrire que des lettres et tenir des journaux intimes. Cofondatrice et première directrice de l’Institut Simone de Beauvoir (Université Concordia, Montréal 1978-1983), Maïr Verthuy a ouvert la voie pour que les écrits des femmes soient publiés, lus, enseignés, traduits.
Autour de Maïr, accompagnées des chansons d’Anne Sylvestre, des féministes, des poètes, des professeures, des écrivaines québécoises, françaises, disent le long et ardu chemin de l’écriture au féminin vers la reconnaissance.
Interviennent dans le documentaire, entre autres: Hélène Monette, qui vient de nous quitter, Madeleine Gagnon, Jeanne Hyvrard, Gloria Escomel, Liliane Kandel, Wassyla Tamzali, Benoîte Groult, Martine Delvaux qui évoque la mémoire de Nelly Arcan.

Cinéma Saint-André-des-Arts du 8 juin au 5 juillet 2016 - cycle les découvertes -1h31- v.f - 
Tous les jours à 13h00 sauf le mardi