vendredi 29 avril 2016

Trésor de Alecia Mckenzie





Téméraire, butée, rebelle. Dulcinea Evers, jeune peintre coqueluche de New-York, vient de mourir. Mais qui était-elle vraiment ? Au lendemain de ses funérailles jamaïcaines, c’est sa meilleure amie Cheryl qui est chargée de ramener la moitié de ses cendres aux États-Unis. Détient-elle la clef de son histoire ?

Ce pourrait être une histoire la plus banale, Dulci la Jamaïcaine est décédée et nous suivons sa meilleur amie Cheryl dans l'exécution de ses dernières volontés, rependre la moitié de ses cendres à New York. 
Mais qui était-elle vraiment? Dulcie n'est pas seulement la séduisante et la désirable jeune peintre jamaïcaine. Dulcinea est une artiste en devenir. Elle évoque et porte en elle l'histoire de son pays, son histoire, ses souffrances, un chemin parcouru qu'elle dépose à coup de pinceau sur la toile.

" j’ai contemplé tes tableau [...] tous dégageaient une énergie sauvage et malicieuse, avec leurs lignes audacieuses et leurs couleurs éclatantes."

Entre Jamaïque et New York ceux qui l'ont côtoyés s'adressent à elle. Tour à tour Cheryl la fidèle amie, la sœur de toujours. Son père Desmond pensant quelle est partie la première pour le contrarier, comme elle l'a toujours fait. Josh enseignant en histoire de l’art séduit par ses hanches avant de l’être par ses toiles. Susie une détestable journaliste, Dakota la femme de son amant prête à tout pour la tuer et d'autres encore. Ils lui rappellent des instants de vie marquants, évoquant les souvenirs tristes et joyeux de sa drôles de vie.

Ainsi au fil des pages, les monologues nous la racontent, des souvenirs passés aux presque derniers instants. Le lecteur est plongé dans l'intimité de cette femme , on vibre à l'évocation des ouragans ou de ses souvenirs d’enfance.

Dulcinea Evers aura été "une femme flamboyante ... et résolument libre." Dans la vie comme dans la mort.

Si à la fin de la lecture un mystère demeure. Se plonger dans ce livre aura été un véritable bon moment. On s’attache rapidement à cette beauté qu'est Dulci, absorbé par ces personnages et leurs questionnements. L'auteure s'est attachée à nous dévoiler le strict nécessaire afin de laisser notre imagination faire le reste. Jusqu’à la dernière page, ce roman tout en émotion détricotes son existence .

Trésor est aussi un bel objet, un livre de belle facture à la couverture nacrée et à la composition originale.

"Plusieurs questions pressantes tambourinaient contre les parois de mon crane, mais déjà la fièvre m'emmenait ailleurs. Et les caresses revenaient encore et encore comme des plume effleurant ma peau brulante."

Trésor de Alecia Mckenzie,
Traduit de l’anglais jamaïcain par Sarah Schler, aux Editions Envolume , 16€
A paraitre le 10 Mai.

Mention spéciale à Aude pour cet envoi et la belle tulipe jaune printemps....


vendredi 22 avril 2016

Le commissaire Bordelli de Marco Vichi


Florence, été 1963. Le commissaire Bordelli est appelé dans une somptueuse villa dont la propriétaire ne donne plus de nouvelles. Il trouve la vieille femme inanimée sur son lit, ayant succombé apparemment à une violente crise d'asthme. Mais...
J’ai fait la connaissance du commissaire Bordelli sur le blog de Keisha "un policier comme finalement on les aime"
Quoi de plus tentant. Oui, Bordelli est un flic à la cinquantaine bien tassée, célibataire, bon vivant, attendant de rencontrer la femme idéale et fidèle à de petites frappes dont il s'est attaché, un être humain quoi !
Portant un  regard permanent sur les moments doux de son adolescence comme sur les épisodes de sa guerre en 40 contre les nazis . Marco Vichi nous  plonge au cœur de la belle Florence, caniculaire,  à bord d'une vielle WW.Coccinelle pétaradante. Bordelli prenant en main de manière bienveillante le destin d'un jeune flic Piras originaire de Pouilles. Très vite il partage avec le lecteur son intime conviction, les coupables sont bien les neveux Morozzi  et toute l'histoire repose sur une l’enquête minutieuse et pas ennuyeuse qui va permettre de les confondre .
On  partage des scènes formidables. Les regards croisés de Bordelli et de la bellissima Elvira ou encore  le repas pantagruélique partagé par des flics, un truand et le  frère de la défunte un hurluberlu, inventeur, plutôt rêveur et dresseur de rats. Le repas est concocter par l'ancien truand et ou les dialogues savoureux sont pas loin d'une grande bouffe. 
Un policier bien rythmé avec de nombreux personnages hauts en couleur à l'accent bien Italien parsemé d'expresso ristrettooo et de  limoncelloo et de bonnes bière ....


 Le commissaire Bordelli de Marco Vichi aux  Éditions 10-18

mercredi 20 avril 2016

Le Douanier Rousseau. L'innocence archaïque.

10 salles pour mieux comprendre ce peintre  autodidacte. 
Henri Rousseau (1844-1910) est un peintre français, surnommé le Douanier par son ami Alfred Jarry car il travaillait dans un « Octroi » à importation de marchandises .
Pendant longtemps il fera l’objet de raillerie, de moquerie, traité de peintre du dimanche, il s’obstinera . Obstination qui lui vaut aujourd’hui cette exposition. 

Une rétrospective exceptionnelle qui a fait étape auparavant au Pallazzo Ducale de Venise et qui revisite l’œuvre de cet artiste inclassable.  
La visite se fait dans une ambiance feutré,  on y marche à pas loup à travers les différentes thématiques. Des natures mortes à La guerre, de l'exubérance Du paradis aux jungles aux Portraits-paysages, de L'innocence archaïque à  l'Enfance cruelle .
On y retrouve bien sur de nombreuses grandes œuvres, La muse , La charmeuse de serpent, Moi-même, La guerre .... Ces œuvres partagent l’espace avec d'autres grands noms pour faire écho à  ce que représente aujourd’hui le Douanier Rousseau : Seurat, Delaunay, Kandinsky ou encore Picasso.
L'absence de perspective, des personnages toujours peints frontalement,  souvent figés comme collés sur les décors ou  parfois disproportionnés peut rebuter l'observateur , mais non, le pinceau  du Douanier fait  effet sur œil du visiteur. On y entend parfois les amateurs chuchoter sur l'Art naïf , sur Surréalisme, voir la laideur mais peu importe l’œuvre est bien là, sous nos yeux. 
A visiter sans appréhension en se laissant simplement guider par l'œuvre.    

 Henri Julien Félix Rousseau, dit Le Douanier Rousseau, Les Joueurs de football, 1908,
 huile sur toile, New York, Solomon R. Guggenheim Museum

 Le Douanier Rousseau. L’innocence archaïque, 
du 22 mars au 17 juillet 2016, 
au Musée d’Orsay, 
1, rue de la Légion d’Honneur, 
75007 Paris.

dimanche 10 avril 2016

Un ruban de rêve de Gonzague Saint Bris

"INCIPIT" - Premiers mots d'un texte. Ceux par lesquels l'auteur et le lecteur se rencontrent ... Pour la première fois. Cette collection propose à de grand écrivains de redonner vie à une première fois historique et d'en faire un objet littéraire personnel.
Le Festival de Cannes s'impose, aujourd'hui, aux yeux de la planète, comme une évidence, puisqu'il est incontestablement le plus célèbre au monde. Son démarrage, pourtant, fut plus complexe qu'on ne l'imagine, car non seulement sa première édition, prévue en 1939, fut annulée en raison de la guerre, mais encore sa réédition, en 1946, fut plutôt laborieuse…


Dans Un ruban de rêve Gonzague Saint-Bris nous raconte la première édition du Festival de Cannes. Septembre 1939 alors que tout est prêt pour que le festival soit une  grande fête de la liberté. Hitler menace d'envahir la Pologne, deux jours plus tard c'est la déclaration de guerre.
Il faudra alors attendre 6 ans pour que l'on reparle de cannes. Et malgré les difficultés d'après-guerre quarante films seront en  compétition.
"Le ciel qui était d'une beauté parfaite se chargea en un moment d'énormes nuages et un orage ou plutôt un ouragan s'abattit sur les dineurs . Le bruit de tonnerre semblait celui d'une formidable artillerie. Les moins superstitieux y virent un présage ..." Le lendemain le premier film était visionner . Ce premier festival consacrera Michèle Morgan pour sa prestation dans Symphonie pastorale film dans lequel elle incarne une aveugle.  "  

Avec humour et talent Gonzague Saint-Bris nous raconte cette première aventure du septième art. Le format un peu court ne laisse pas de place à l'approfondissement. C'est malgré tout, un petit ouvrage agréable à lire en une soirée seulement .


D'ores et déjà deux autres auteurs ont rejoint la collection.
Eliette Abecassis  pour Deux-pièces elle nous raconte le premier bikini... 
François Begaudeau dans L’ancien régime raconte la première femme accueillit au sein de l’Académie française ,Marguerite Yourcenar

 


Editions Prisma, collection Incipit, 2016  12€

jeudi 7 avril 2016

Le chagrin des vivants d'Anna Hope



  Durant les cinq premiers jours de novembre 1920, l'Angleterre attend l'arrivée du Soldat inconnu, rapatrié depuis la France. Alors que le pays est en deuil et que tant d'hommes ont disparu, cette cérémonie d'hommage est bien plus qu'un simple symbole, elle recueille la peine d'une nation entière. À Londres, trois femmes vont vivre ces journées à leur manière.

Le chagrin des vivant un roman qui a tout pour plaire, c’est un premier roman d’une écrivaine britannique aux yeux bleus charmants. Un roman rythmé par le rapatriement d’un soldat britannique depuis le Nord de la France au cœur Londres, celui d'un soldat inconnu. C’est aussi un roman sur le destin de trois femmes, des destins qui s’entrecroisent et s’entrechoquent.

Ada la plus sensible, une mère qui a perdu son fils mais qui n’arrive pas à croire en sa mort, obnubilée au point de ressentir sa présence de partout et d’en ignorer son mari.

« Tu es amère, dit-il. Et tu es seule. Tu n’as aimé qu’une personne de toute ta vie, et on te l’a prise, et c’était une chose absolument épouvantable et j’en suis vraiment désolé. Et j’en ai toujours été désolé. Mais nombre de gens endurent bien pire tout en restant des êtres humains convenables. Voire en devenant meilleurs qu’avant. Toi en revanche, tu as utilisé cette seule mort comme un combustible pour haïr le monde.»

Hettie la plus jeune, insouciante, elle rêve d’amour, de liberté. En attendant, elle est danseuse de compagnie au Hammer-smith Palais.  
Evelyn une jeune bourgeoise dont le frère est capitaine, il a fait la guerre des tranchés. Elle travail au bureau des pensions et reçoit des âmes blessées à longueur de journée. Une femme forte qui devra faire face à la vérité. 
Le chagrin des vivant, un roman à la fois sensible et cruel, aux personnages rudes ou délicats. Anna Hope nous plonge en plein cœur Londres où la cérémonie du soldat inconnu permettra à chacun d'y voir une part de lui même, de saluer un fils, un mari, un parent mais surtout de tourner la page, de passer la colère. Anna Hope s’intéresse aux conséquences, aux vies meurtries, aux âmes blessées. Au fil du livre, les faits s’entrechoquent, s'entremêlent. Chacun des personnages détient finalement la part de vérité d’un autre. 
Elle signe là un bon premier roman , un beau portrait de femmes.


« Alors que le silence s’étire, quelque chose devient manifeste. Il n’est pas là. Son fils n’est pas à l’intérieur de cette boîte. Et pourtant elle n’est pas vide, elle est pleine d’un chagrin retentissant : le chagrin des vivants.»



Le chagrin des vivants d'Anna Hope Collection Du monde entier, Gallimard 23€



samedi 2 avril 2016

Empreintes italiennes Mario Giacomelli

Originaire de seniglia Mario Giacomelli (1925-2000) est un maître de la photographie contemporaine italienne. Ces photos ont fait le tour du monde . Expert en contraste, il nous livre un regard unique sur les paysages , natures mortes et visages.
L'être humain au centre de ses préoccupations...

"Le blanc, c'est le néant, le noir, ce sont les cicatrices "

La série photographique - Dernière manière- représente sa "Prise de conscience de la nature ".  Comment ne pas être  subjugué par ces images , un univers  sombre de champs blessés . Comment ne pas être attiré par les  visages de vielles femmes parfois édentées . 
Une belle série de  natures mortes  colorisées côtoient un cliché d'un  village des pouilles sous une chaleur accablante. Trois des célèbres clichés  des séminaristes sont aussi présents.

L'exposition se termine par un visage énigmatique et lumineux.
© COLLECTION MUSINF

" Je crois à  l'abstraction dans la mesure où elle me permet de m'approcher un peu plus du réel. "



« Empreintes italiennes», jusqu'au 14 avril à l'Orangerie des musées de Sens (89). 2€